Sur Napoléon de Ridley Scott (2023) - Olivier Maillart (cinema)

 

CRITICA CINEMATOGRAFICA

Ni cet excès d'honneur, ni cette indignité... d'Olivier Maillart

Le Napoléon de Ridley Scott est, comme on pouvait s'y attendre, un film tout à fait regardable et distrayant - pas le meilleur de son auteur, certes, même en piochant dans des réussites récentes, un peu long et mal rythmé, mais plutôt cool quand même.

Film woke, ai-je pu lire ? anti-français ? Pfff... Scott fait de Napoléon un héros d'aujourd''ui, donc brutal, vaguement mafieux, mais un héros quand même, plutôt

sympathique et touchant. Il l'adapte à la sensibilité du temps, dont on peut penser ce qu'on veut mais après tout, n'est-ce pas Croce qui disait que l'Histoire s'écrit toujours au présent ? (Si.)

Cela aura en tout cas été l'occasion de découvrir que les fans hardcore de Napo sont au moins aussi cons que les fans de Star Wars. Après les "mais franchement au temps de la République intergalactique, on ne peut pas avoir des sabres laser violet !!, voici le pénible pointage de tous les anachronismes et erreurs du film. Bon, oui. C'est un film, quoi. Je signale à tout hasard que dans l'épisode babylonien d'Intolérance (Griffith, 1916), il y a un char d'assaut qui crache du feu. Bouhhh... Et que dans le merveilleux Iron Sky (2012), les nazis se sont réfugiés sur la face cachée de la lune pour mieux prendre leur revanche...

Donc oui, la Malmaison n'est pas la Malmaison, ni Notre-Dame Notre-Dame. Mais les batailles sont impressionnantes, les tentes de campagne très stylées, et les uniformes, et les armes, et même ce brave Joaquin qui s'en sort bien mieux qu'on ne l'a dit (surtout si c'est pour lui opposer Christian Clavier, ou le pénible Bondartchouk, ce salopard, ennemi de Tarkovsky comme de tout bon cinéma...).

Le vrai problème, paradoxalement, c'est que Ridley reste TROP fidèle à l'Histoire. Il est bien obligé de faire ses batailles dans l'ordre, sans en changer l'issue. 

Total, ça finit par ressembler à un empilement ;épisodes de série (modèle narratif atroce). Gageons que la version longue corrigera ça.

Olivier Maillart

Bionota

Olivier Maillart est professeur en classes préparatoires, traducteur, critique dans diverses revues. Il a publié plusieurs essais (dont Énigmes, cinéma, Plutôt seule que mal accompagnée et La Roue de l’infortune), ainsi qu’un roman : Les Dieux cachés. Il publiera prochainement un nouvel ouvrage : Poétique de Tom Cruise.